Beaucoup d'études ont reporté un microbiote anormal chez les personnes autistes, suggérant donc un lien entre le microbiote et le trouble autistique. Modifier le microbiote est une piste potentielle pour améliorer les symptômes gastro intestinaux et comportementaux chez les enfants TSA. Ainsi, la transplantation de microbiote fécal pourrait transformer le microbiote intestinal en un microbiote sain en greffant un grand nombre de bactéries de la flore intestinale depuis un donneur sain. C'est ce que ces chercheurs américains ont tenté, dans cette étude du 9 avril 2019.
Les premiers bénéfices
Ces derniers ont été évalués avec :
- la Gastrointestinal Symptom Rating Scale (GSRS)
- la Childhood Autism Rating Scale (CARS)
- la Social Responsiveness Scale (SRS)
- la Aberrant Behavior Checklist (ABC)
- les Parent Global Impressions-III (PGI-III)
- la Vineland Adaptive Behavior Scale (VABS)
Deux mois après le traitement, 80% des participants voient leurs symptômes gastro-intestinaux (douleurs abdominales, indigestion, diarrhée et constipation) se réduire nettement.
En parallèle, les symptômes comportementaux, comme la répétition des gestes et les difficultés à communiquer, se sont également améliorés de l'ordre de 15 à 23%.
Des résultats positifs
Contre toutes attentes, les chercheurs ont constaté un bénéfice prolongé de la thérapie sur les symptômes gastro-intestinaux et ceux relatifs au TSA.
Les troubles gastro intestinaux sont toujours moins intenses comparativement à la période avant le traitement. Cette amélioration est portée par le rétablissement de la diversité bactérienne dans le tube digestif.
Sur une échelle d’évaluation spécifique, les chercheurs estiment que l’intensité de les troubles digestifs diminue de 58%.
Concernant les troubles du comportement lié au TSA, les chercheurs observent que deux ans après la thérapie :
La sévérité des symptômes typiques est diminuée de 47 % (contre 20% au bout de 2 mois)
17% des participants sont diagnostiqués autistes graves contre 83 % avant le traitement
83% sont considérés avoir un TSA léger ou modéré contre 17% avant le traitement.
Même si ces premiers résultats sont très encourageants, il reste encore de nombreux points à élucider avant de voir ce traitement approuvé par les autorités sanitaires américaines (Food and Drug Administration).
L’équipe de chercheurs et cliniciens envisage de suivre ces 18 enfants dans le temps et de réaliser prochainement un essai sur des adultes avec une population test bénéficiant du transfert de microbiote intestinal et une autre population traitée par placebo.
Par la suite, il faudra également travailler sur l’optimisation de la posologie (fréquence et durée du traitement, posologie adaptée au profil du patient) et déterminer dans quelles mesures les effets peuvent se prolonger dans le temps (influence de la nourriture, nécessité de prendre des prébiotiques ou probiotiques etc.)
Krajmalnik-Brown et Adams travaillent maintenant sur une étude contrôlée par placebo chez des adultes autistes, pour vérifier leur résultat (Les études contrôlées par placebo sont une façon de tester un traitement médical dans lequel, en plus du groupe de sujets recevant le traitement à évaluer, un groupe de contrôle séparé reçoit un traitement simulé "placebo" spécialement conçu pour ne pas avoir d'effet réel.). Pour obtenir plus d'information sur cette nouvelle étude cliquer ici. Ils espèrent aussi faire une autre étude chez les enfants autistes, qui est en instance d'approbation de financement.