Dans une étude du 23 janvier 2019, des chercheurs ont mis en évidence que, dans le cerveau des animaux modèles autisme, les volumes corticaux et les neurones sont plus gros que la veille de la naissance.
"Quand le cerveau se construit, il n'y a pas d'un côté les gènes et de l'autre côté l'environnement. Le cerveau valide la création d'un gène par un rétrocontrôle qui s'assure du bon déroulement du programme, explique le professeur Ben-Ari qui a développé le concept de neuro-archéologie autour de ce rétrocontrôle. Ce concept veut que "nombre de maladies neurologiques et psychiatriques sont dues aux perturbations de la maturation cérébrale, in utéro et/ou pendant la naissance, et aux neurones qui n’ont pas muri à cause de ces événements".
Les chercheurs ont observé les cerveaux de rats témoins et modèles TSA la veille et le lendemain de la naissance, via la transparisation : “Ce dispositif permet de reconstruire en trois dimensions le cerveau. Grâce à cela, nous pouvons analyser l’activité des neurones. On peut les comparer avant et après la naissance et voir comment la naissance les impacte [...]. Chez le rat sain, le volume du cerveau est sensiblement identique avant et après la naissance, suggérant une absence de croissance pendant cette période critique en accord avec des données indirectes chez l’homme. Par contre dans un modèle animal d’autisme, le cerveau est plus petit que celui des rats sains la veille de la naissance mais pas le lendemain, le cerveau a rattrapé son retard pour retrouver la taille du cerveau sain. Nous avons montré de façon directe que les neurones continuent de croître pendant la naissance dans l’autisme [...]. Le processus pathologique de l’autisme est intra-utérin mais il impacte le mécanisme de la naissance. Ceci dit, le diagnostic de l’autisme est clinique 2 ans après la naissance et donc on ne peut le diagnostiquer in utero.” Reste maintenant à déterminer les propriétés de ce "processus pathogène" à l’origine de l’autisme et d’autres syndromes développementaux qui est intra-utérin.
Ils ont déjà des théories sur ce sujet : "Nous pensons que le mécanisme protecteur qui prépare le cerveau à la naissance est impacté dans l’embryon du futur enfant autiste, ce qui le rend plus vulnérable", explique Yehezkel Ben-Ari.
Ils sont également sur de nouvelles thérapies qui seront basées sur des agents, comme la bumétanide, qui bloquent sélectivement l’activité de des neurones, qui n'ont pas mûri à cause du processus pathogène, effectuant une « chirurgie pharmaceutique sélective ».
" Nos travaux montrent pour la première fois que l’événement intra-utérin qui génère l’autisme impacte le travail et la naissance. Ils confirment le concept de neuro-archéologie".
N.B. : Neurochlore recherche des enfants pour des essais cliniques : "Neurochlore développe actuellement un traitement, produit en France, qui sera capable d'améliorer les TSA chez l'enfant et l'adolescent. La société a déjà mené avec succès une étude monocentrique (Lemonnier et al., Translational Psychiatry, 2012). Plus récemment, dans le but de confirmer l'efficacité et la tolérance de ce nouveau traitement, nous venons de terminer un essai clinique de phase II, approuvé par l'EMA (Agence Européenne de Médecine), et qui s'est déroulé dans 6 centres français (Brest, Limoges, Lyon, Marseille, Nice et Rouen ; Lemonnier et al., Translational Psychiatry, 2017). Cette étude sera prochainement suivie par une étude de phase III randomisée en double aveugle qui, si elle est concluante, permettra de faire une demande d'enregistrement auprès des autorités de santé européennes. La durée de traitement sera d'un an, et tous les patients recevront le traitement actif au moins pendant six mois. Pour cet essai, quatre cents patients (enfants et adolescents) seront recrutés dans quatre ou cinq autres pays européens." Source : en cliquant ici.