Face à la publication d'un article dans Le Parisien sur le Son-Rise, j'ai été ravie de voir que Mr Kaufman avait cerné la situation en France : "Je ne pense pas que les parents américains soient parfaits, mais ils ont une attitude proactive. Quand ils font face à un problème, ils savent qu’ils devront l’affronter tout seuls. En France, c’est différent : avant de se demander que faire, vous cherchez qui peut résoudre le problème à votre place. Il y a cette idée qu’un enfant autiste, « ce n’est pas un travail pour les parents, mais pour l’école ou les institutions ». C’est une erreur. Seuls des parents sont capables de sortir leur enfant de là, car personne d’autre que ses parents n’aiment autant leur enfant, ni ne le connaît aussi bien. Leur implication est à 100 % la clé de la réussite.". Mais que voulait-il dire ?
La réponse dans les fondements de l'ABA.
Eric Schopler et Robert Jay Reichler, à l'université de Caroline du Nord, créent la « Division TEACCH » qui, en 1972, devint le premier programme de santé publique à l’échelle d’un État des États-Unis ayant pour but le diagnostic, le traitement et l’éducation des enfants autistes ainsi que la formation et la recherche dans ce domaine. Le fondement même de cette division est que les parents sont co-thérapeutes. Actuellement des recherches sont en cours sur le FITT, où la famille applique la thérapie, afin d'étudier l'efficacité de ce mode de fonctionnement mais aussi l'impact sur le bien être des proches et leur stress.
O. Ivar Lovaas, dans ses recherches sur l'Early Intensive Behavioral Intervention, mentionne bien, page 361, que les parents appliquent les programmes : "The parents also worked with their child, and they received extensive instruction and supervision on appropriate treatment techniques."
Traduction : Les parents ont aussi travaillé avec leur enfant, et ils ont reçu des instructions complètes et une supervision sur les techniques du traitement approprié.
Aujourd'hui encore, des recherches sont effectuées sur les parents co-thérapeutes, et tendent toujours vers les résultats de Schopler et Reichler. Un exemple datant de 1984 conclue que "les parents ont vu le traitement comme utile". Une seconde étude, plus récente car datant de 2007, conclue que "les parents peuvent contribuer avec succès au développement de leur enfant autiste".
En pratique...
Il ne faut pas penser en termes de méthode mais en termes d'apprentissage naturel. Lorsqu'un enfant lambda rentre de l'école, les parents vont l'aider à faire ses devoirs : c'est de l'apprentissage. Lorsqu'un enfant ne sait pas encore s'habiller, les parents vont lui montrer comment faire et le guider : c'est de l'apprentissage. Lorsqu'un enfant montre un objet inconnu, les parents vont lui dire ce que c'est : c'est de l'apprentissage. Pourquoi les parents n'ont pas toujours cette façon de faire quand l'enfant est extra ? Car très peu de parents sont formés et/ou sont informés de l'importance de leur implication. Ils vont plus avoir tendance à chercher un professionnel pour faire des apprentissages qu'un parent devrait faire de façon naturel. Un intervenant ne passera que 2 heures (fonction de la durée de la séance) avec l'élève. Mais le parent vit avec et a des multitudes de possibilités d'apprentissages. L'intervenant doit donc donner les outils aux parents par le biais de guidances parentales. L'apprentissage n'en sera que plus rapide et plus efficace.
J'espère donc que cet article vous aura montré l'importance des parents co-thérapeutes dans un programma ABA. Et comme je l'ai déjà dit sur Facebook : ne demandez pas aux professionnels de faire de la magie, si vous ne buvez pas la potion magique qu'ils vous donnent !